L’ivoire et la coutellerie

L’ivoire est depuis plusieurs années, un sujet délicat à traiter. Son utilisation est strictement réglementée, et il est parfois difficile de s’y retrouver, surtout en tant qu’acheteur.

Voilà quelques éléments qui vont permettront d’y voir plus clair, en particulier dans le domaine de la coutellerie.

Mais qu’est-ce que l’ivoire ? Question bête ? Pas tant que ça, car si l’ivoire le plus connu est celui de l’éléphant, en particulier d’Afrique, le terme désigne en réalité le matériau naturel issu de l’animal que constituent les dents et/ou les défenses comme celle du narval, du phacochère, du rhinocéros ou encore de l’hippopotame.


L’ivoire d’éléphant

L’ivoire est un matériau d’exception utilisé depuis des siècles dans bien d’autres domaines que la coutellerie. Cependant, on ne peut nier aujourd’hui son impact sur la faune sauvage et le risque d’extinction d’espèces comme l’éléphant et le rhinocéros. Ces problématiques environnementales ont restreintes de manière drastique son marché. Ce dernier à fait l’objet de nombreuses réglementations sur ses exportations et importations, dans l’ hexagone comme dans le monde.
C’est une matière encore très convoitée, mais rare, impliquant les trafics illégaux et le braconnage. Les pouvoirs publics ont dû faire face à cette réalité via la mise en place d’un contrôle plus strict sur cette matière première.

C’est en 1973 que la CITES (Convention sur le Commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction) est créée afin de réguler la commercialisation de l’ivoire, entre autres. Mais si depuis 1989 la CITES interdit tout commerce international de l’ivoire, il existe des dérogations et des tolérances qui varient en fonction des pays.

En France, suite à l’arrêté du 4 mai 2017, portant modification de l’arrêté du 16 août 2016 relatif à l’interdiction du commerce de l’ivoire d’éléphant et de la corne de rhinocéros sur le territoire national :

Le commerce de l’ivoire brut est interdit (défense entière ou morceau de corne) en France et dans l’Union Européenne. Est également prohibé  la commercialisation de tout ivoire travaillé à partir du 1er juillet 1975.

Cependant, la loi est complexe car il existe des exceptions, comme par exemple pour les touches et tirettes de jeux en ivoire des instruments à clavier ou encore les archets des instruments à cordes frottées ou les spécimens d’exposition et dédiés à la recherche…

Pour en revenir à la coutellerie, « la mise en vente, à la vente et à l’achat, dans un délai de neuf mois à compter de la publication du présent arrêté (soit du u 1er juillet 1975), des couverts de table neufs, autres objets de coutellerie ou pour fumeurs fabriqués avant le 18 août 2016 à l’aide d’ivoire dont l’ancienneté est antérieure au 18 janvier 1990. »

Les entreprises de coutellerie (entres autres) se doivent donc de ne plus fabriquer et vendre de couteaux pliants, de table et de sommeliers avec de l’ivoire d’éléphant.

Si l’ivoire provenant d’espèces menacées est interdit à la production et à la vente, on retrouve aujourd’hui d’excellents substituts à cette matière légendaire.

Photo © Pawan Sharma


L’ivoire de Mammouth

L’ivoire de mammouth est récemment devenu un incontournable dans la coutellerie. L’approvisionnement de ce matériau est rendue possible par la fonte du permafrost en Sibérie.

Cet animal qui s’est éteint vers 1700 avant JC possédait des molaires d’une taille remarquable. C’est l’écorce extérieure de la dent qui est particulièrement utilisée pour les plaquettes des couteaux. Le résultat est splendide car un manche en molaire de mammouth est composée de différentes strates de couleurs.

La molaire peut être teintée, que soit dans des tons neutres ou dans des coloris plus originaux (comme le violet ou le rose).

La défense de mammouth réserve bien des surprises, car en terme d’esthétique, elle offre bien des possibilités. Si la molaire est caractérisée par ses stries contrastées, on peut aussi traiter la matière pour obtenir le même rendu qu’un ivoire «classique» ou encore travailler la pulpe de la défense.


Les autres substituts

Au delà de l’ivoire de mammouth, qui est une matière tout aussi précieuse, il existe des possibilités plus abordables comme l’os ou encore la résine qui sont bien moins chers.

Tous les couteaux en ivoire que nous fabriquons sont composés d’ivoire de mammouth uniquement et conformément à la réglementation en vigueur.

Il est important aujourd’hui de se renseigner sur les objets que vous achetez ou même dont vous héritez, si vous avez un doute sur la nature d’un couteau (ou autre objet d’ailleurs) qui pourrait s’avérer être de l’ivoire d’éléphant, nous vous conseillons de vous adresser à un professionnel dans le domaine.

La gentiane jaune

La gentiane jaune pousse sur l’Aubrac entre 800 et 1300 mètres d’altitude. Elle peut atteindre 2 mètres de haut d’où son surnom de « gratte-ciel végétal ». La plante met une vingtaine d’années à acquérir sa taille adulte. Et après 8 à 10 ans d’existence, de jolies fleurs d’un jaune éclatant apparaissent et ne refleurissent que tous les deux ans. Mais ce sont surtout ses racines charnues, appelés rhizomes, qui peuvent mesurer jusqu’à 1 mètre de long et peser jusqu’à 5 kg, qui sont récoltées pour différentes utilisations.

Fleurs de gentiane
Fleurs de gentiane © Jackmac34

Pour récolter ces fameux rhizomes, on fait appel à un homme, appelé « gentianaire » ou « gençainaire » en patois. Les racines sont profondément enfouies dans le sol et c’est un véritable travail de titan que de déterrer ces précieux rhizomes, en particulier parce que l’exercice est exclusivement manuel.
L’arrachage des racines commence en juin et se poursuit jusqu’en octobre. Pour effectuer la récolte, le gentianaire utilise 2 outils très spécifiques :

Une pioche, appelée « ancre », qui servait plutôt autrefois de levier pour déterrer les rhizomes ;

Une fourche métallique, pesant au minimum 12,5 kg, nommé par ses hommes « La Fourche du Diable », est plus couramment utilisée de nos jours.

Cette dernière est étroite, avec un fourchon en métal doté de 2 longues dents droites ou légèrement courbées, pouvant atteindre en moyenne 1 mètre de long. Ses dents ont été renforcées pour permettre un arrachage facilité et surtout pour résister à la pression due à l’extirpation des racines. Elle est également munie d’une sorte de marche pied, ou de deux cale-pieds de part et d’autre, sur lesquels le gentianaire saute pour enfoncer les dents dans le sol. Un bon arracheur peut extraire en moyenne 200 à 300 kg de rhizomes par jour, à la simple force de ses bras.

La récolte du jour est placée dans des grands sacs de jute laissant pénétrer l’air, pour éviter toute fermentation. Ensuite, on procède au nettoyage des racines avec l’aide d’un couteau de poche comme un Laguiole. Il faut patiemment et soigneusement retirer le plus de terre possible, avant de couper les bourgeons et radicelles.

La cargaison de racines est livrée à la coopérative où elle sera :

– Soit macérée, distillée pour être utilisés dans la fabrication de liqueurs ou apéritifs. Elle est également utilisée dans d’autre pays pour la fabrication de leur propre boisson comme en Suisse, en Italie, en Allemagne, en Autriche…

– Soit séchée en serre pendant environ trois semaines et vendues l’hiver pour être utilisés en pharmacie herboriste.

La racine de gentiane est employée depuis l’antiquité pour ses vertus digestives, toniques, dépuratives, fébrifuges, rafraîchissantes, reconstituantes… Elle figure dans la liste des plantes médicinales. Elle stimule également l’appétit.

Comme les gentianaires de l’Aubrac, surveillez la grandeur de la lampe florale des gentianes jaunes, car elle annonce la hauteur de neige de l’hiver à venir !

Notre équipe de couteliers

Connaisez-vous notre équipe?

Notre production est entièrement artisanale et réalisée à Thiers, capitale française de la coutellerie par des compagnons qualifiés, expérimentés et passionnés. Nos couteliers sont titulaire du CAP « instruments coupants et chirurgicaux », seul diplôme français reconnu dans la coutellerie. Cette main d’œuvre artisanale est pour vous la garantie d’un produit haut de gamme.

Attaché à la formation des jeunes et à la transmission du savoir, nous embauchons tous les ans, depuis 1998, un(e) nouvel(le) apprenti qui étudie au CFA de Thiers pour obtenir son C.A.P dans la plus ancienne des écoles de coutellerie de France. Et travaille en alternance chez nous pendant deux ans à l’issue desquels il peut intégrer la maison « pour de vrai ».

Coutellerie