Les Couteaux Corses – La Vendetta

Vous faites peut-être partis des chanceux qui partent visiter la corse et ses splendides paysages cet été, si vous ne connaissez pas, vous allez vite découvrir pourquoi cette région porte le surnom d’île de beauté. Et elle constitue une destination de choix pour les amateurs de couteaux !

La Corse est une terre de couteaux depuis l’antiquité et sa coutellerie est devenue une véritable tradition.
Le couteau fixe traditionnel est d’abord un poignard «à la génoise», héritage de l’histoire en partie italienne de la Corse.
Comme de nombreuses régions rurales, le couteau était avant tout un outil utilisé par les paysans pour les travaux quotidiens, ou dans un but offensif/défensif. Certains modèles de couteaux Corses sont devenus célèbres avec le temps, mais la liste est loin d’être exhaustive car l’île de beauté regorge de petits couteaux utilitaires ! On les reconnaît facilement car ils portent souvent le nom de leur origine géographique, en langue Corse évidemment.

Des nos jours, ils poursuivent leur histoire avec de nouveaux modèles qui allient tradition et modernité. Et on peut affirmer qu’il n’existe pas « un »,  mais « des » couteaux corses !

La légende du couteau Vendetta

C’est surement le couteau le plus célèbre originaire de Corse. La Vendetta est particulièrement reconnaissable avec sa forme bien particulière : une lame longue et pointue, une mitre large et un manche arrondit.

« Vendetta » est un mot d’origine italienne signifiant « vengeance », le mot ferait référence à « justice privée », notamment entre deux familles (qui utilisait bien souvent des couteaux pour régler leur compte…)

La légende veut qu’à une époque ou les armes à feu n’étaient pas monnaie courante, ce couteau était aussi bien utilisé aux champs pour abattre les animaux que pour restaurer l’honneur d’une famille. Et il n’était pas rare de voir les couteaux ornés de formules aussi assassines que leurs lames. Détail qui a aussi contribué à la célébrité de l’objet.
Le couteau Vendetta porte tout de même, d’une certaine manière, bien son nom ! Contrairement à aux autres couteaux plus «traditionnels» (comme le Pialincu ou encore le Rondinara), les vendettas ne s’inspirent et ne tirent pas leur nom de couteaux de paysans des terres difficiles, ni des marins-pêcheurs des ports côtiers de l’île de Beauté.

Couteaux Vendetta dans le catalogue Bechon-Gorce (Thiers), vers 1895.)
Couteaux Vendetta dans le catalogue Bechon-Gorce (Thiers), vers 1895.)

Mais en réalité…

La vérité est un peu moins glamour. La vendetta Corse est ce qu’on appelle dans le jargon, un couteau néo-régional. C’est un couteau touristique, un bien vilain mot, on vous l’accorde. Et malheureusement, comme beaucoup de modèles célèbres, on trouve une (trop) grande quantité de lames importées de Chine ou du Pakistan sur les marchés, et ce, même en Corse. Pour l’acheteur du XXème siècle, une vendetta achetée sur l’île de beauté était en réalité… thiernoise ! La création de ce couteau est liée à la parution de Colomba, une nouvelle à grand succès de Prosper Mérimée en 1840. L’ouvrage aura pour mérite de lancer la mode des romans-feuilletons. Au menu, amourettes, escarmouches sanglantes et… vengeance bien sûr ! Mais la réalité en Corse est beaucoup moins romanesque, les bergers utilisaient des couteaux beaucoup plus sommaires fabriqués par les couteliers du cru, souvent en corne de bélier, un matériau facile à se procurer.